MÉFIEZ-VOUS DE VOUS! Avez-vous déjà joué au tennis, comme apprenti/amateur? Vous avez peut-être remarqué que pour gagner, vous aviez intérêt à adopter une stratégie visant à ne pas commettre des erreurs tout en ne forçant pas trop la note pour vos coups extraordinaires. Il vous suffisait d’attendre les erreurs de l’adversaire pour gagner. En matière d’épargne et de placements, fort de votre politique de placement (discutée précédemment), vous voulez ne pas faire « d’erreurs humaines comportementales ». Charlie Munger, le compère de Warren Buffett en parle d’ailleurs sur YouTube : on doit notre succès surtout à éviter les erreurs et s’en tenir à notre cercle de compétence.
De quoi parle-t-on? En voici quelques-unes : une confiance excessive, des jugements biaisés, l’attrait de la meute et l’aversion aux pertes.
Elles sont documentées.
Je donne ici l’exemple de l’aversion aux pertes. Des chercheurs (Kahneman et Tversky) proposent aux participants de jouer à pile ou face. Si le résultat est pile, le participant reçoit 100$. Si le résultat est face, il donne 100$ aux chercheurs. Pour simplifier, on ne joue qu’une fois par participant. Les participants ont refusé. Perdre 100$ est trop difficile à accepter comme résultat malgré un gain potentiel de 100$ vite fait avec l’alternative.
Les chercheurs ont changé la donne. Dans plusieurs étapes, ils ont trouvé que le gain devait être 250$ contre 100$ de perte pour intéresser un bon nombre de participants. Les chercheurs ont conclu que l’aversion d’une perte nous « affecte négativement deux/trois plus » que le désir ou la satisfaction d’un gain.
L’aversion de la perte est une explication à pourquoi des salariés fortement encouragés à contribuer à leur REER par l’employeur, lequel contribue « 1$ dollar additionnel pour 1$ dollar cotisé par l’employé à son régime », est surprenamment peu populaire. Logiquement, il s’agit d’une occasion à ne pas refuser. Mais l’anticipation de se priver de 1$ à dépenser immédiatement versus obtenir une gratification plus tard (par exemple l’année suivante) et qui ressemble à au moins 2$ sinon plus, n’est pas suffisante.
C’est aussi une explication au peu d’engouement à l’épargne en général surtout si une personne a une perception non réaliste du potentiel de différer des dépenses.
L’aversion aux pertes engendre également des portefeuilles trop conservateurs. Le cas typique est celui d’une personne avec un horizon de placement de 25-30 ans et qui laisse son conseiller inclure une proportion exagérée d’obligations dans ses placements.
Un autre cas classique est celui de cette personne qui a vendu en panique au plus bas du marché durant la pandémie pour éviter d’autres pertes ratant ainsi toute la récupération subséquente des marchés.
C’est aussi une raison qui explique la tendance d’un investisseur à conserver un titre trop longtemps.
Quelque part, son analyse MorningStar et sa politique de diversification prend moins d’importance… et la peur de perdre se substitue dans sa logique.
Que doit-on faire? Restez froid. Puis, revoir la situation plus en détails afin de comprendre si une raison explique le changement. S’il y a maintenant un sérieux problème irrécupérable (pensons à une fraude majeure ou perte des avantages concurrentiels) dans l’avenir de cette compagnie, il faut accepter les faits et vendre le titre. D’ailleurs, économiquement, si le titre est dans un compte ordinaire, il est ainsi possible de récupérer la perte pour réduire des gains ailleurs. Mais si les conditions intrinsèques n’ont pas véritablement changé et qu’il s’agit d’une baisse due à des conditions économiques générales défavorables, par exemple, susceptibles de revenir à la normale, alors on conserve.
Il y a deux idées qui m’inspire personnellement dans le cas où un titre n’a pas perdu sa valeur intrinsèque (telle qu’établie par MorningStar) et que son prix a chuté: (a) ne pas vendre et conserver le titre est en soi l’équivalent d’acheter ce titre à ce moment-là et cela, à fort rabais, une situation recherchée, n’est-ce pas et (b) ne pas vendre évite d’être énormément déçu d’avoir vendu lorsque les conditions redeviennent normales et que le prix du titre se rétablit, comme ce fut le cas lorsque les marchés ont réagi à la COVID.
En bref, face à l’aversion aux pertes : on reste alerte pour la reconnaitre dans son état d’esprit et on base ses décisions sur les faits et les critères discutés dans les Post précédents.
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