QUE RETENIR DE BENJAMIN GRAHAM? Si vous demandiez quel serait LE LIVRE à lire comme investisseur, présumant que vous ne deviez en lire qu’un seul, on vous suggérerait probablement « L’investisseur intelligent » de Benjamin Graham. Dans le présent Post, j’espère vous épargnez cette tâche. Bien sûr, vous pouvez lire ce célèbre ouvrage. Mais si le temps vous manque, je crois qu’il y a trois idées essentielles à retenir dont voici le résumé.
Le premier point et je dirais le plus important est le regard que vous portez sur vos placements en bourse. En achetant des actions (cotées en bourse ou pas) vous devenez propriétaire à part entière d’une entreprise. Vous n’achetez pas un outil de spéculation. Vous n’êtes pas au casino. Votre propriétariat est modeste et proportionnel aux nombres d’actions que vous possédez sur le total des actions émises et en circulation. Mais vos droits sont entiers et vous avez ainsi une emprise sur les profits de ladite compagnie. Aujourd’hui le 24 août 2023, si vous possédez 100 actions de la Banque Royale, vous constatez que le prix du titre est de 122.62 CAD. Votre placement est donc de 12,262 CAD. Mais ce n’est pas ce qui vous importe vraiment. Vous constatez également (voir photo à la fin) que le Bénéfice Par Action (BPA) est de 10.13 CAD par action depuis les 12 derniers mois. C’est donc une somme de 1,013 CAD pour un an. C’est à vous! Cela n’est pas une somme pour « une fois ». Non, il s’agit d’un droit aux bénéfices année après année, ad vitam aeternam! C’est une machine à imprimer des dollars, qu’on appelle des « profits ». En examinant la photo au bas de ce Post, vous constatez également qu’un dividende de 1.35 CAD par action vous est remis à chaque trimestre. Total pour l’année 5.40 CAD par action ou 540 CAD par année. En gros, RY fait 10.13 CAD par action de profit et vous en remet environ la moitié soit 5.40 CAD. Vous pouvez faire ce que vous voulez avec le « cash », entre autres, le réinvestir serait une bonne idée. L’autre partie du profit, RY la conserve car elle vous réserve des projets « payants, payants » à l’interne et probablement plus payant que ce que vous allez faire avec votre dividende. RY travaille pour vous, très fort, tout le temps. J’ai rencontré certains d’entre vous en « présentiel » en 2010. Nous avons acheté ensemble des actions de RY. À l’époque, le prix du titre était 55.82 CAD, le profit était de 3.49 CAD par action par année et le dividende était de 2.00 CAD par action par année. Prenez une minute pour comparer avec aujourd’hui… En 2018, nous nous sommes revus et RY se transigeait à 94.07 CAD par action, le bénéfice était de 8.22 CAD par action par année et le dividende était de 3.92 CAD par action par année. Nouvelle pause pour comparer. Constatez la tendance… Êtes-vous vraiment intéressés à vendre vos actions pour le gain en capital? Non, absolument pas. Moi non plus. En fait nous sommes plutôt enclins à acheter « un petit peu plus » de RY si nous le pouvons. Nous sommes les proprios… et on aimerait avoir toutes les actions de RY en fait! Bon, OK, il faut diversifier.
Le deuxième point est la question de l'ATTITUDE vis-à-vis le MARCHÉ BOURSIER. La Bourse est un mécanisme de découverte des prix des actions, essentiellement un immense encan en continu. Il y a le prix du titre, visible et instantané. Mais il y a aussi la Juste Valeur Marchande (JVM) du titre. Celle-ci est moins évidente mais calculée périodiquement par l’analyste comme MorningStar. Visitez votre plateforme de courtage pour la JVM. L’investisseur n’est pas très intéressé en général aux fluctuations du prix de ses placements sur les marchés. Il est plutôt intéressé aux Bénéfices Par Action, aux dividendes par action et en particulier au progrès de ces deux dimensions au fil des années. Il est surtout intéressé à la qualité de la société en question (gestionnaires chevronnés, positionnement concurrentiel, ratio de dettes raisonnable, perspectives de croissance, etc.) Le moment où l’investisseur s’intéresse au prix de l’action sur le marché est lorsqu’il doit vendre pour une raison ou une autre. Un exemple est le cas du décaissement pour vivre lorsqu’à la retraite. Il pourrait choisir en premier lieu de vendre des titres qui sont à prime par rapport à leur Juste Valeur Marchande. Mais pour l’épargnant qui est loin de la retraite/décaissement, le prix sur la bourse peut être utilisé pour acheter des titres à rabais en maintenant la bonne diversification en tout temps. Le MARCHÉ peut nous aider en offrant des titres à rabais (le marché ne doit pas nous mener par le bout du nez). Le MARCHÉ est un outil pour l’investisseur intelligent.
La troisième idée d’importance de ce livre est celle de la « MARGE DE SÉCURITÉ ». Avec toutes les vicissitudes des marchés par encan, les prix sont souvent incompréhensibles et découplés de la valeur réelle des entreprises. Pour cette raison, il y a lieu d’acheter des titres avec une certaine marge de sécurité par rapport au prix payé à l’achat. Ce n’est pas toujours facile d’acheter à rabais pour se protéger avec une marge de sécurité. Il faut tout de même prendre connaissance des rapports de l’analyste afin de comparer le prix à la Juste Valeur Marchande (JVM) et décider d’agir ou de « passer notre tour » quant à ce titre, quitte à y revenir plus tard. Avec une politique de placement d’environ 100 titres comme discuté dans les Post précédents, il est intéressant de constater qu’il y a très souvent un choix bien raisonnable et bien garni de titres à rabais (4 ou 5 étoiles MorningStar). Il se peut qu’on « rate des occasions » en n’achetant pas le titre de l’heure ou la « darling » de Wall Street, laquelle est dispendieuse. So what! Il reste bien d’autres possibilités et après les années, notre portefeuille finira bien par devenir diversifié et peuplé de nombreux titres achetés à rabais (au moment de l’achat). La marge de sécurité améliore la qualité de notre sommeil, si je puis dire. Je concède qu’avec un portefeuille composé de Fonds Négociés en Bourse indiciels comme une politique des « X », ce que je viens de décrire n’est pas accessible. Dans ce cas, la meilleure approche reste tout de même d’investir par des achats « programmés automatiquement » comme à chaque semaine ou à chaque mois. On n’essaie surtout pas de « synchroniser le marché » car « timer le marché » est connu et documenté comme une stratégie perdante.
Voilà, ramenés à du concret, ce que sont les gestes à poser ou ne pas poser si vous adhérez aux trois idées maitresses de l’investisseur intelligent de Benjamin Graham: vous êtes le proprio, vous utilisez le marché à vos fins et vous visez une marge de sécurité lors de l'achat. C’est somme toute simple. On lui doit beaucoup d’avoir débroussailler l’immense cacophonie des marchés boursiers pour nous signifier du doigt la direction à prendre. Merci Ben!
Je vous rappelle que je suis un investisseur. Je partage ma stratégie d'investissement dans le but de vous aider à réfléchir et développer votre propre stratégie.
P.S. la banque RY a annoncé ses résultats le 24 août 2023 pour le troisième trimestre. Lisez ce qu’en dit LaPresse. Reconnaissez les paramètres discutés plus haut à la lumière de cette mise à jour. Si vous avez des actions de RY, sachez apprécier les efforts de la direction et de ses employés (près de 100,000) pour maintenir le navire dans la bonne direction malgré le mauvais temps que créent les créances douteuses sur les prêts.
C'est bien de mettre l'accent sur la valeur intrinsèque du titre plutôt que sur les fluctuations du marché.