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130) Obtenir un rendement insensible au taux de change CAD/USD


« IMMUNISÉ DE LA DEVISE ».  Je n’aime pas du tout ce qualificatif. Il induit en erreur. Tout d’abord, la « devise » n’est pas un virus dont il faut se protéger par un « vaccin » !!!  Laissez-moi expliquer ce dont on parle et illustrer par une histoire imaginaire.  Cette expression s’applique à un fonds, comme un fonds négocié en bourse indiciel dont l’exemple par excellence de la politique de placement est le fonds XSP. Le rendement du fonds, par exemple sur période d’un an, est ce qui est sujet à ladite « immunisation ».  On cherche à immuniser le rendement par rapport à la variation du taux de change CAD/USD durant la période et non pas de la devise en soi. Concrètement, si par exemple, le taux de change CAD/USD est de 1.15 dollars CAD pour acheter un USD le 1er janvier de l’an et que le taux de change CAD/USD est de 1.28 dollars CAD pour acheter un USD le 31 décembre de l’an en question, on désire que ce changement du taux de change n’influence pas le rendement du fonds. Je préfère l’expression suivante : « un fonds étranger dont le rendement est insensible aux variations du taux de change de notre devise CAD par rapport à la devise USD ».  Prenez note de l’expression et intériorisez-la.

 

C’est l’histoire des trois investisseuses, copines de longue date.  La première est Helen de Houston, Texas (le H est aspiré!). Helen investit 10,000 USD le 1er janvier dans le fonds IVV, un fonds indiciel qui donne le rendement de l’indice S&P500 représentant les grandes sociétés américaines mesurées par la capitalisation boursière. Helen utilise des USD et en fait, trouve que les dollars canadiens sont colorés comme le jeu Monopoly et des pièces de collection au mieux. Mais jamais elle ne risquera d’acheter un fonds canadien (Never!). Le 31 décembre de l’année, son IVV a une valeur marchande de 11,200 USD. Son rendement est donc de (11,200-10,000) /10,000 = 12% durant l’année. Fière, elle communique son rendement à ses copines via FaceBook.  Marie de Québec investit un montant de 10,000 CAD le 1 er janvier dans le fonds XSP, qui vise également à donner le rendement de l’indice S&P500, même si Marie est une canadienne avec des dollars canadiens.  Marie a consulté la fiche de XSP et sait bien que le fonds est « CAD-HEDGED ». Le fournisseur ne s’est pas donné la peine de traduire l’expression mais l’idée est celle d’un fonds dont le rendement sera insensible aux fluctuations du taux de change CAD/USD tout en procurant le rendement en soi de l’indice S&P500. Le 31 décembre, elle inspecte le compte qui contient son fonds XSP et constate qu’elle a 11,200 CAD.  Elle fait le calcul et bingo, le rendement est de 12% comme Helen (avec son H aspiré).  Marie a un petit côté Sherlock Holmes.  Elle vérifie et note que le taux de change le 1 er janvier était de 1.15 CAD par USD et le 31 décembre le taux était alors de 1.28 CAD par USD. La devise CAD est plus « faible » en fin d’année car cela prend plus de CAD pour acheter 1 USD. Mais son fonds a été insensible à cette variation du taux de change comme prévu. Elle est contente d’égaler Helen. Elle inscrit sa performance de 12% sur FaceBook pour laisser savoir son rendement à ses amies.

Louise de Montréal a, quant à elle, acheté le fonds ZSP avec 10,000 CAD le 1er janvier.  Ce fonds vise aussi à procurer le rendement de l’indice S&P500 également.  Mais il n’est pas « CAD-HEDGED ». Il est sensible à des variations du taux de change de la devise CAD versus USD. Louise consulte son relevé le 31 décembre et confirme une plus-value de 2,466 CAD soit un rendement de 25% sur sa somme au départ. Triomphante, Louise informe ses copines sur FaceBook.

Helen de Houston est consternée. Les États-Unis sont au centre de la planète économique. Le Texas est LE centre des USA et Houston est au centre du Texas. Elle s’attendait à être la gagnante incontestée: “What the Hell is Going On?”  Marie de Québec est un peu froissée. « Que fait Louise de la solidarité québécoise? Elle aurait dû partager son truc avec moi, quel que soit le truc? ».

Louise de Montréal, pour laquelle l’amitié compte plus que les rendements, décide d’amener la discussion sur les faits plutôt que sur les émotions et compile deux chiffriers des rendements des trois copines.  Examinez le premier tableau de Louise en remorque du présent Post. Louise déclare qu’elle a été chanceuse parce que non seulement elle a profité de l’excellent rendement de 12% sur l’indice sous-jacent S&P500 comme ses copines mais elle a également bénéficié de l’affaiblissement de la devise CAD qui est passé de relativement forte à moins forte.  Son fonds n’est pas « CAD-HEDGED », rappelle-t-elle. En fait, en gros, les taux de change furent (1.28-1.15) /1.15 et en variant ainsi cela donne environ 11% de plus comme rendement. (Le calcul véritable est en fait (1.28*1.12-1.15) /1.15 pour combiner les deux effets du rendement des titres et du rendement du changement du taux de change, ce qui donne 24.7%.)  Elle déclare à ses amies que le taux de change aurait pu prendre l’autre direction et devenir plus fort à la fin de l’année. Louise explique que si les taux de change avaient été de 1.28 au début de l’an et 1.15 à la fin de l’année, son rendement global aurait été de 1% parce que la variation du taux de change aurait pratiquement annulée le rendement des titres sous-jacents (le marché américain). C’est le calcul hypothétique du second tableau de Louise.

Laissez-moi, Ô lecteur, vous compliquez un peu la situation.  Imaginez Rogatien de Val d’Or qui a 10,000 CAD.  Il pourrait très bien décider de convertir ses sous CAD en USD et acheter des IVV.  Il deviendrait Helen de Houston.  Il pourrait plutôt acheter XSP pour devenir une Marie de Québec. Il pourrait aussi acheter ZSP et devenir une Marie de Montréal. Que doit faire Rogatien?

Les trois options interpellent Rogatien quant aux variations futures du taux de change. Il est canadien et un jour il réclamera ses sous pour les dépenser en CAD en toute probabilité. Il ne peut prédire le taux de change et ses variations sur son horizon de placement, qui est peut-être de 40 ans. Mais il veut certainement accéder au marché américain et son potentiel.  Il a chance d’utiliser un fonds « CAD Hedged » comme XSP s’il le désire pour effectuer le travail. Ceci peut lui procurer du confort s’il se sent mal à l’aise avec le risque des variations du taux CAD/USD. Cependant, il doit accepter que les rendements sur ses placements américains ne soient pas avantagés ou désavantagés par les variations du taux de change comme dans le cas de Louise et Helen. 

Par exemple, si Louise a investi une très importante somme en 2012 alors que le taux était d’environ 1.0, elle a présentement en décembre 2023 environ 35% de la valeur de son placement qui bénéficie du fait que le taux de change courant est d’environ 1.35.

À l’inverse, Louise aurait pu être plus pauvre de 60% si les taux l’avaient défavorisée comme cela aurait été le cas entre le 15 janvier 2002 (taux de 1.60 CAD/USD) et le 5 mai 2012 (taux de 1.00 CAD/USD).

Somme toute, un fonds CAD-HEDGED n’est certainement pas une mauvaise stratégie pour Rogatien mais il doit comprendre les plus et les moins.

C’est la raison pour laquelle le XSP est utilisé dans la stratégie des 4 X, puisqu’on cherche la simplicité et le minimum de complications créées par des éléments imprédictibles et hors de son contrôle. Rogatien se concentre sur son travail, son capital humain et recherche justement la simplicité quant à ses placements car il ne veut pas passer des heures à rechercher la direction des taux de change.

Mon grain de sel.  Pendant plusieurs années j’ai dirigé une entreprise canadienne propriété d’une américaine.  On se retournait vers moi pour une opinion sur le taux de change, qui a une incidence immédiate dans les résultats consolidés en USD de la société mère. La devise CAD est une « commodité » comme l’or, le blé, le pétrole, etc.  Plus la demande de CAD est forte, plus forte devient la devise CAD. Si les taux d’intérêts au Canada sont beaucoup plus élevés que les taux d’intérêts au Japon, les Japonais vont acheter des CAD et investir ici.  La devise se renforcit.  Si le prix du pétrole canadien est peu cher en CAD, les Américains voudront l’acheter et pour se faire devront d’abord acheter des CAD. La devise se renforcit. Vous aurez compris que prédire les taux d’intérêts et le prix du pétrole requiert des études supplémentaires.  Prédire le taux de change est une aventure périlleuse! Rogatien devrait s’abstenir.

Je vous rappelle que je suis un investisseur. Je partage ma stratégie d'investissement dans le but de vous aider à réfléchir et développer votre propre stratégie. Explorez mon blog avec l’outil de recherche en insérant un mot, des mots, un chiffre dans la zone de recherche.




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