J'aimerais vous présenter Gertrude. Tout d’abord, laissez-moi vous dire que cela n’est pas son vrai nom.
D’ailleurs, tout ce qui suit a été maquillé afin de mettre l’accent sur la leçon de l’histoire. Cependant, l’essentiel est vrai et se retrouve à plusieurs endroits autour de la planète.
Voici immédiatement la morale : vous n’avez aucune chance sérieuse à la stratégie de sélectionner systématiquement les titres « gagnants » à la bourse. Zéro. Si vous y gagner, alors cela est le fruit du hasard. Je vous explique.
Gertrude est employée par une caisse de retraite américaine à New-York. Cette organisation gère plus de 500 milliards de dollars (un peu comme la Caisse de Dépôt au Québec).
Gertrude est responsable de l’investissement de cette caisse dans deux compagnies : Microsoft et Cisco. Juste deux...
Gertrude a complété ses études à Harvard Business School avec mention puis a travaillé quelques années dans une grande banque américaine (banque d’affaires), quelques années dans une entreprise technologique bien connue et y a « fait ses classes » avec succès. Elle a été recrutée par la caisse de retraite, il y a quatre ans. Elle est dans la fleur de l’âge, capable, pleine d’initiatives, expérimentée et érudite en son domaine.
La rémunération de Gertrude est basée sur un salaire, un bonus fonction des résultats chiffrés de sa gestion des placements dont elle est responsable et un bonus fonction de sa contribution à son groupe de pairs (travail d’équipe, collaboration, etc.)
Gertrude peut et doit optimiser les placements dans MSFT et CSCO. Ceci veut dire qu’elle peut acheter et/ou vendre les actions de ces deux compagnies pour la caisse et même, ne rien faire si cela est désirable. Le portefeuille de Gertrude est énorme et elle y consacre tout son temps professionnel et quelques fois bien plus.
Gertrude voyage. Elle participe aux conférences mondiales dans son champ d’expertise technologique. Gertrude a un réseau d’une bonne cinquantaine de personnes dans son domaine dont huit d’entre elles sont reconnues pour leurs qualités dans l’industrie. C’est un milieu « compétitif » mais Gertrude a un talent évident dans les placements mais aussi dans les relations humaines et tout le monde se sent bien à l’aise avec cette femme au prénom étrange. Gertrude "consulte".
Gertrude écoute, et même pose des questions, aux conférences téléphoniques lors de la divulgation des résultats des deux sociétés. Gertrude a même développé un contact solide avec le Vice-Président Finance de Cisco suffisant pour l’appeler pour des précisions.
Elle peut tricoter un peu et faire son chemin pour parler avec un dirigeant clé de MSFT aux États-Unis. Gertrude lit littéralement « tous » les documents produits par ces deux compagnies, qu’ils soient règlementaires ou non. Rien ne lui échappe.
Gertrude peut consulter facilement les avocats spécialisés de la caisse si elle a des questions sur les enjeux mondiaux concernant la propriété intellectuelle de « ses » compagnies. De plus, elle a accès au personnel en matière de litige et au groupe Finance de la caisse pour anticiper les conséquences de litiges auxquels font face ses compagnies. Gertrude a ses contacts en Europe ou plusieurs enjeux touchent MSFT.
Gertrude a un budget de $50,000 pour engager des experts dans son domaine si elle veut consulter ou produire une étude l’aidant à ses tactiques d’investissement. Elle a aussi un analyste financier pour étudier certains aspects importants en profondeur, faire des recherches, préparer des présentations « Power Point ». Elle doit obtenir le maximum d’impact en décidant sur quoi travailler avec son analyste. Leurs temps sont précieux.
Gertrude doit aussi « défendre » ses recommandations auprès de sa patronne et du comité de sélection des investissements, surtout si elle décide d’investir davantage que prévu avec MSFT et CSCO. Gertrude se défend très bien en termes de perspicacité (acumen) à cet égard. Il y a toujours un peu de « politique » dans l’entreprise et il faut y naviguer sans sombrer afin de se tailler une place sans trop nuire aux autres.
Elle doit répondre aux objections légitimes de ses collègues. Cela garde la forme. Elle maitrise ses dossiers, croyez-moi!
Le bonus de Gertrude représente environ 75% de son salaire, lequel est plutôt généreux en partant. Un bon bonus veut dire un bon travail et Gertrude est très motivée par son bonus car elle a des objectifs personnels clairs et une fierté de bien réussir. Elle détesterait prendre de mauvaises décisions.
Gertrude sait, et ses patrons également, que sa moyenne au bâton ne peut être 100%. Mais elle a de bonnes chances de bien s’en tirer la plupart du temps, surtout qu’elle a des stratégies défensives en complément et en support (des outils sophistiqués utilisés par les pros).
Voici maintenant, Nazaire. Un travailleur de l’industrie de l’assurance. Nazaire est aussi un « petit investisseur » et a souvent une « opinion » claire sur les compagnies dans lesquelles il a investi. Nazaire réfléchit à ses investissements une ou deux heures par semaine, quelques fois plus, et suprenamment, Nazaire a les coudées franches lors de ses transactions, persuadés qu’il a un bon flair pour ces choses.
Nazaire parle régulièrement de ses bons coups mais les mauvais coups semblent dans un angle mort ou expliqués par des excuses. Les rendements de Nazaire sont plutôt volatils et il est difficile de mesurer sa performance, exercice qu’il ne sait pas trop comment le faire, d’ailleurs. Mais au moins, Nazaire semble avoir du plaisir à « jouer à la bourse ».
Le remède pour Nazaire consiste à accepter son peu de temps et de connaissances. Deuxièmement, il devrait adopter une politique basée sur la diversification avec par exemple les quatre fonds en X discutés dans le présent Blogue (ou l’équivalent) et protéger son capital. Il pourrait continuer d’investir un certain montant maximal en $ dans des achats basés sur l’instinct et mesurer ainsi combien il lui en reste après deux ans. On pourrait espérer qu’il finisse par s’ennuyer avec le flair et l’instinct et qu’il s’en tienne à une approche éprouvée. Au moins, il aura limité les dégâts.
Gertrude et les centaines d’autres Gertrude qui gèrent professionnellement des sommes colossales pour différentes caisses (plus de 5000 aux É.U.) comme métier sont imbattables face à Nazaire concernant MSFT et CSCO. Pour les autres titres, il y a plein de Gertrude.
Nazaire : choisis tes batailles et le « stock picking » n’en est pas l’une d’elles!
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Je vous rappelle que je suis un investisseur. Je partage ma stratégie d'investissement dans le but de vous aider à réfléchir et développer votre propre stratégie.
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